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Paul, la trentaine désinvolte, est face à sa femme Vivien. Elle vient de le licencier de sa propre entreprise et pourtant Paul ne se révolte pas. Comme si cet événement était l'aboutissement d'un long processus qui lui avait échappé. Paul se remémore alors son enfance, partagée entre l'insouciance d'un père inventeur, capricieux et séducteur, têtu et attendrissant et la rigueur morale de sa mère, ennemie du gaspillage, anticipant toujours le malheur de peur d'être surprise par lui. De cette époque, Paul a gardé l'impression que, dans la vie, tout n'est que dérision, fausse moustache et vanité. Jusqu'au jour où sa mère meurt dans un accident de voiture alors même que la dernière invention de son père connaît enfin le succès. Alors que son père sombre dans la dépression, Paul part, en laissant tout derrière lui... avec la sensation qu'il doit enfin exister par lui-même... Dans cette relecture d'une grande fluidité, Christian Durieux insuffle aux personnages une dose de folie douce propre à l'univers de Jean-Paul Dubois, avec un dessin élégant, joyeux et mélancolique. Un récit follement romanesque qui suit les détours de l'existence de Paul, trentenaire à la dérive qui va devoir prendre des risques suite à un séisme personnel.

-"La société n'étant pas à jour dans ses cotisations, votre demande ne peut aboutir". Voilà ce qu'il me répond ce putain d'ordinateur ! - Et tes indemnités de départ ? - J'ai appelé au moins cinq fois à Budapest, je tombe sur une toupie qui parle pas un mot de français et qui fait semblant de pas comprendre l'anglais... Elle me colle en attente... Je me tape un petit disque de folklore hongrois ! - C'est sympa, le folklore hongrois. - A un euro la minute, merci ! Aujourd'hui, Philippe fête son anniversaire. 53 ans, déjà. Sa maison est confortable, ses enfants sont grands, sa mère est bavarde, son nouveau vélo est magnifique. Une belle tranche de vie, dans la simplicité, l'honnêteté. Mais celui qui empoisonne le gâteau, c'est le patron de Philippe quand il lui annonce son licenciement. Victime collatérale de la mondialisation, Philippe coule à pic. Perd tout, même son toit. Mais cette plongée au coeur de lui-même va lui permettre d'ouvrir son regard sur les autres. Les gens honnêtes n'ont rien d'ordinaire. Chronique de la tragi-comédie du quotidien, "Les gens honnêtes" marque la rencontre entre deux auteurs réunis par la tendresse qu'ils éprouvent pour leurs personnages. Jean-Pierre Gibrat, au scénario, et Christian Durieux, au dessin, savent faire vibrer à l'unisson la parcelle indicible de la création romanesque : son humanité.

"Si vous prenez le TGV entre Bordeaux et Paris, son visage ne vous est pas inconnu. Il n'est ni contrôleur, ni barman. Philippe Manche est coiffeur. Mais il n'est pas un coiffeut ordinaire. Puisqu'il exerce son métier dans le train, justement. Alors, M.Manche, comment vous est venue cette idée ?" Les gens honnêtes sont ceux qui ne trichent pas avec la vie. Philippe a perdu son emploi et son épouse. Il serait à plaindre si un formidable appétit de vivre ne l'animait ; il s'invente un métier, se nourrit d'amitié et d'amour. Au gré de ses déambulations, son chemin croise celui de Robert et de Camille. Le premier s'enivre de mots et rêve de vins. La seconde distille douce ironie et forte compréhension. Et même si la comédie humaine se teinte parfois de tragédie, ces gens honnêtes savent ne pas travestir la réalité de leurs szntiments. Quand Jean-Pierre Gibrat écrit et Christian Durieux dessine, la générosité et la tendresse se révèlent les maîtres mots de l'art de raconter, mais aussi de l'art de vivre. Tout simplement.

- Ha, Monsieur Manche ! On a posté sa petite lettre quotidienne ? Vous devriez vous mettre aux e-mails, vous savez. C'est rapide, pratique, et vous feriez des économies en timbres... - Ma chère Florence, même si nous avions le haut débit, la machine serait trop lente pour ma prose. Les gens honnêtes sont ceux qui ne trichent pas avec la vie. Ainsi, désormais installé dans un village du Bordelais cerné de vignes, Philippe mène une existence paisible entre sa librairie, les parties de pêche avec les copains et sa relation amoureuse avec Camille. L'été arrive, et avec lui sa mère et son fils. Entre ceux qui restent, ceux qui partent et ceux qui rêvent de le faire, la trajectoire de Philippe traverse de nouvelles zones de turbulence, mais aussi de véritables moments de grâce. Et bien que la comédie humaine puisse parfois se teinter de mélancolie ou de colère, ces gens honnêtes savent ne pas travestir la réalité de leurs sentiments. Quand, le temps d'un bout de chemin souvent drôle, parfois doux-amer. Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat arpentent les sentiers de la vie, la générosité et la tendresse se révèlent les maîtres mots de l'art de raconter, mais aussi de l'art de vivre. Très simplement.

"J'avais une femme, j'ai plus eu de femme, un boulot, plus de boulot. J'ai connu Robert. Camille est venue, Camille est partie. Et aujour- d'hui, les bouquins à la flotte... Alors, ça me dirait bien de remettre la librairie et de continuer à creuser mon trou tranquille un moment. Tu vois, je fais le rêve anachronique de quelque chose qui dure." Les chemins de la vie sont souvent faits d'accélération, de coups de frein, de virages, de demi-tours. Pour Philippe, la route a été mouvementée. Cadre urbain, puis chômeur dépressif, coiffeur dans les trains à grande vitesse et désormais bouquiniste quelque part dans le Bordelais rural, il a divorcé de la mère de ses enfants, est tombé amoureux de Camille, l'a vue partir, l'a peut-être remplacée par Isabelle. Entre-temps, il s'est enivré de mots, a rêvé de vins, a cultivé l'amitié sans sacrifier l'amour. Philippe s'est reconstruit. Mais la tempête antédiluvienne qui s'abat sur le village, emportant les trésors de sa librairie d'occasion, ne risque-t-elle pas de l'envoyer par le fond? Dans cette quatrième et dernière promenade en compagnie des "Gens honnêtes", chronique tendre et généreuse créée par Jean-Pierre Gibrat et Christain Durieux, les chemins de Philippe et de ses proches les mènent au plus près d'eux-mêmes, là ou l'humanité n'est pas laissée sur le bas-côté. Et s'il arrive que l'on se chamaille, que l'on se blesse ou se quitte, le sourire n'est jamais loin et, par dessus-tout, reste vibrante l'énergie de se débarrasser de ce qui encombre, de ce qui pèse, pour construire une vie toujours plus légère.

"La catastrophe du train, oui. Eh bien, mes parents y étaient ! Morts, tous les deux ! Donc je garde le noir. Ma voisine dit que c'est arrivé justement parce que je continuais à porter le deuil. Cela ne se peut pas, qu'une chose aussi terrible se produise à cause de moi, n'est ce pas?"

- Que suis-je pour toi ? - Tu as de ces questions... - Est-ce que tu te salirais les mains pour moi ?